Rapport canadien sur la désinformation en science:  la marche est haute

Ce sont quelques-uns des chiffres inclus dans la revue de la littérature scientifique sur les effets de la “désinformation sur la science et la santé” publiée ce jeudi par le Conseil des académies canadiennes.

Au passage, le groupe de 13 experts a mené ce qui serait pour eux un exercice inédit : mesurer l’impact d’un taux de vaccination plus élevé contre la COVID sur les soins hospitaliers au Canada. Selon leur scénario hypothétique, si un tel taux était passé de 85% à 93% en 2021, cela aurait entraîné 13 000 hospitalisations en moins, 3 500 patients en réanimation en moins et 2 800 décès. Pour 300 millions de dollars d’économies sur les soins hospitaliers.

Le modèle proposé a ses limites, reconnaît le groupe : est basé sur un moment précis (mars-novembre 2021), est un chiffre faible (85%, pourcentage de personnes qui se disent prêtes, selon Statistique Canada) à se faire vacciner) , et scénarios imaginaires : « têtus et réticents » Que se serait-il passé si une partie des (15 % restants) avait accepté de se faire vacciner à la fin de la période couverte ?

Leurs calculs ne prennent pas en compte les conséquences du COVID-19 prolongé, notamment ses conséquences sur la qualité de vie, ni les coûts de report des opérations chirurgicales, ni les coûts « sociétaux » comme les pertes de salaire.

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Au-delà de la COVID

Mais le rapport ne se limite pas à la santé : le changement climatique occupe quelques pages. Là aussi, une information fausse ou trompeuse porte une part de responsabilité, qu’il s’agisse du déni d’une partie de la population face à la crise environnementale, ou de l’inaction face à la réduction à long terme des gaz à effet de serre. les frais de période.

Le groupe d’experts, dirigé par Alex Himelfarb, un ancien haut fonctionnaire fédéral du Centre canadien de politiques alternatives, a choisi d’utiliser le terme « fausses informations » pour désigner des informations fausses ou trompeuses qui peuvent avoir été partagées intentionnellement ou accidentellement, tandis que le terme « désinformation” a été initialement utilisé. seulement avec l’intention délibérée de tromper (bien qu’en français le terme soit maintenant utilisé dans un sens plus général).

S’il y a des informations fausses ou trompeuses à tout moment de l’histoire, le document parle de notre époque comme d’un “moment critique”. Ces informations “prolifèrent à un rythme jusqu’alors inconnu” en raison des nouvelles technologies et des “tendances sociétales à la baisse de la confiance, à la polarisation croissante et au discrédit de nos institutions du savoir”.

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Dans leur revue de la littérature, ils reviennent sur les recherches en psychologie ou en sciences sociales de la dernière décennie, ce qui nous rappelle que nous sommes tous inquiets : « Nous sommes plus susceptibles de partager des informations qui soutiennent nos convictions partisanes et celles de personnes comme nous. Nous sommes également plus susceptibles de sous-estimer nos propres préjugés et d’exagérer les préjugés des autres. »

Ils pointent aussi du doigt les suspects habituels : les radios talk, les journalistes économiques qui ont longtemps entretenu l’illusion d’une “discussion” sur le changement climatique… Et bien sûr, les réseaux sociaux : les recherches de ces dernières années ont corrélé leur niveau d’utilisation avec leur environnement . l’adhésion à des croyances erronées sur la santé ou le COVID, y compris l’adhésion aux théories du complot. “Les algorithmes des médias sociaux sont utilisés pour favoriser la polarisation non seulement en regroupant les personnes en fonction de leur affinité, mais en poussant certains utilisateurs vers des contenus plus extrêmes”. Nous citons le journaliste New York Times Davey Alba, qui a découvert en 2021 que les éditeurs utilisaient de jolies vidéos d’animaux comme appâts pour “diriger le spectateur vers une publication ou un site qui vend de fausses informations”. C’était jusqu’à ce que le Service canadien du renseignement et de la sécurité note en 2021 que des groupes d’extrême droite utilisaient l’épidémie et des algorithmes pour attirer les gens dans leur cause.

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Il y a des raisons plus profondes, à commencer par la baisse de confiance dans les institutions et la capacité de certains désinformateurs à exploiter cette perte de confiance. Le Conseil des académies canadiennes ne fait aucune recommandation dans son document, et le laisse au mieux anticiper que le pas a été franchi : il faudra plus de culture informationnelle pour développer la pensée critique (citation de la Finlande, où un tel programme est en place fourchette-). 12), plus d’efforts sur les réseaux sociaux pour mettre en évidence des informations crédibles, plus de ressources pour les organismes de vérification qui sont devenus “une partie importante” de l’équation, des mesures “préventives” de leur part pour s’assurer que les gens comprennent comment fonctionne la désinformation (transparence : ceci, Détecteur de rumeurs).

Mais si le ton est haut, c’est aussi parce que la désinformation est parfois rassurante : « L’angoisse augmente notre désir de certitude absolue… La désinformation (offre) des réponses simples, des méchants indiscutables, des remèdes, des miracles et des assurances qui nous permettent de garder le contrôle. . »



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