
La marmite a débordé. Moqué depuis des mois par ses propres supporters et moqué tous les jours sur les réseaux sociaux, Karl Toko Ekampie a explosé dans les allées du Groupama Stadium samedi dernier. La poubelle non sollicitée a ressenti un double coup dur. Le calme camerounais a éclaté. Il faut dire que le traitement réservé à ce que certains fans appellent Carl Potto et très mauvais est particulièrement salé.
Samedi, bien avant le début de la rencontre, il a été accueilli par une banderole portant le slogan sans équivoque : «Dégager“. Le deuxième meilleur buteur lyonnais des deux dernières saisons avec 32 buts et 14 passes décisives en 92 matches de Ligue 1 est loin d’être responsable du marasme actuel. S’il est loin de son meilleur, s’il brille par sa malice depuis des semaines, il paie pour avoir déjà réagi aux plaisanteries de son propre camp… Un but que le Groupama Stadium n’oubliera jamais contre Montpellier en avril dernier, quand Dezins le raillait, surtout la tête en l’air.
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Banderoles homophobes : Tribune fermée pour Montpellier
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“Au début de la seconde mi-temps, les fans ont hué, révélait-il alors. C’était une insulte aux parents. J’ai perdu un proche et ça fait mal. De la part de nos supporters, ça fait mal.Jean-Michel Aulas a menacé de partir si la situation ne s’améliorait pas.Ça fait un moment qu’on vit un cauchemar à LyonLe patron a été identifié. Les supporters, en attaquant spécifiquement les joueurs, créent une relation de tension qui devient insupportable. Nous ne sommes plus dans un club de droit. C’est vrai qu’on n’a pas fait une très bonne saison, mais on a de bons joueurs et un bon entraîneur. Donc, si le problème est le président. Un jour, le Président s’est lassé de telles réponses…“
Caludio Beauvue, Maxwell Cornet, Karl Toko Ekambi, Marcelo et Léo Dubois ont tous été victimes des foudres des supporters lyonnais.
Crédit : Quentin Guichard
Toco Ecampie est loin d’être un cas unique à Lyon. Bien sûr, l’OL n’a pas le monopole de ses propres objectifs. Lionel Messi, Neymar ou encore Kylian Mbappé ont été sifflés par le PSG dans un passé pas si lointain. Par essence, le supporteur est polyvalent. Mais les gons sont souvent plus inconditionnels que logiques.
Ces dernières années, le Groupama Stadium a eu ses boucs émissaires, plus que d’autres, comme un fardeau, la lente mais nette relégation de l’Olympique Lyonnais. “En s’en prenant aux joueurs, le public s’en prend à l’establishment et à Jean-Michel Aulas, qui a toujours défendu ses hommes bec et ongles.Fred Guerra, l’agent du joueur et ancien représentant de l’attaquant camerounais, note. En critiquant Toko Ekambi, nous critiquons l’homme qui l’a débarqué et acheté.« TKE est le dernier whip d’une longue liste.
Marcelo l’âne, le sifflet pour Beau, le ricanement pour Cornet
- Claudio Beauve, sifflé après une entame difficile à Gerland en 2015, a enchaîné célébrations provocantes et combo dans le rapport de force dans son propre stade : doigt dans la bouche, main derrière l’oreille, maillot à l’affiche. En réponse, l’aspect plus large de “Beauve, Beauve, on t’aime…“.
- Marcelo, ulcéré sur une bannière représentant un âne, envoya à son tour le majeur. Certains Lyonnais lui ont même dédié une chanson (“T’es pas dur, on ne sait pas qui tu es…”) après une rixe entre le joueur et ses supporters à l’aéroport de Lisbonne. Un traitement qui a choqué d’autres joueurs du staff, comme Memphis Depay, qui a failli clasher des membres de North Bend un soir de Ligue des champions face à Leipzig.
- Maxwell Cornet a subi des railleries et des blagues pour avoir laissé ses excentricités devant le but. Le Groupama Stadium lui a longtemps reproché d’avoir raté cette occasion lors du match retour de la demi-finale retour de la Ligue des champions 2017 face à l’Ajax Amsterdam. “C’est plus difficile pour lui à la maison, il faut le protéger, pas le déranger”, avait alors estimé Bruno Genesio. Ou quand les tribunes décident de la feuille de match.
- Encore plus proche, Leo DuBois, qui était au bras du capitaine, a également fait face à la condamnation publique la saison dernière. Pourtant l’international tricolore, ex-Nantais, Cornet, Beauve et Marcelo étaient là pour quitter le navire. “J’ai des critiques et pourquoi le coup de sifflet a été appelé, je ne peux pas l’expliquer, a été surpris Peter Bosz en janvier 2022. C’est le capitaine. Il ne le mérite pas, je ne comprends pas ce que pensent les fans.”
A Lyon, ceux qui cachent les Lyonnais…
Pourquoi tant de haine ? Les manifestations provoquent d’abord un mécontentement, mais celui-ci est alimenté inlassablement pendant des semaines par d’autres facteurs. Beau et Marcelo ont payé leur esprit rebelle face à des supporters impitoyables. Un temps, DuBois et Cornette ont été préférés en défense à deux purs produits du camp d’entraînement, Malo Gusteau ou Melvin Bard.
Claudio Beauvais face à Troyes
Crédit : AFP
Pourtant, à Lyon on ne touche pas aux Lyonnais. Là, plus qu’ailleurs, le public est plus soucieux de mettre en valeur ces jeunes, valorisant parfois les produits de l’académie au détriment de facteurs extérieurs. Le choix de Boss DuBois pour jouer Anthony Lopes, ancien membre de Bad Gone, a été difficile à digérer pour certains fans. Pour Toko Ekambi, le péché originel commence à l’été 2020, et son arrivée marque le départ du grand espoir du club, Amin Gouri, à Nice. Un transfert dont de nombreux Léonais ne se sont jamais remis, un fardeau que les Camerounais portent, aussi innocent soit-il, dans l’histoire.
Leo et sa famille sont profondément blessés
Inspirés d’une communauté très active et féroce sur Twitter, ces longs épisodes se traduisent par une déconnexion entre les tribunes et l’équipe. Ils détruisent également les joueurs qui préfèrent ne pas répondre à nos demandes. “Lors d’un combat contre toute forme de harcèlement, le joueur le vit avec une grande violence.Michael Manuelo, l’agent de Léo Dubois, nous informe. Leo et sa famille sont profondément blessés. Chaque joueur vient donner le meilleur de lui-même et il n’est jamais tenu pour responsable. Par contre, ses souffrances sont grandes. Si les supporters pensent qu’ils peuvent se soulager en faisant cela, ils ne font que blesser un homme, une famille et des enfants lorsqu’ils minent une équipe..”
Léo Dubois (OL)
Crédit : Getty Images
“C’est aussi le reflet de notre société de plus en plus cruelle qui rejette la moindre contrariété.note Fred Guerra. A Lyon, je reconnais que le stade est pire qu’ailleurs. C’est un public indéfectible, nourri par les titres de champion de France des années 2000. Soudain, c’est une crise après le départ de Geneseo. C’est un public d'”hommes pourris gâtés” parce qu’ils ont été gavés et rejetés pendant des années.“
Les joueurs ne sont pas les seules victimes. Bruno Genesio et Rudy Garcia en ont fait les frais un temps. Comme aujourd’hui Bruno Chereau et Vincent Ponsot. Exigeant, le Groupama Stadium n’arrête pas de se payer la tête même s’il marque contre son équipe.
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