Marina Abramovic, performeuse star, sainte et martyre, en deux documentaires, sur Netflix et Arte.tv

L'artiste Marina Abramović (à gauche) lors de la soirée d'ouverture de l'exposition 'Marina Abramović : l'artiste est présent' au Museum of Modern Art de New York le 9 mars 2010.

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Nous ne représentons plus Marina Abramović (née en 1946), pas plus que nous ne représentons Robert (ou Bob, selon les cas et l’époque) Wilson (né en 1941) : tous deux sont des grands noms de l’avant-garde artistique depuis le années 1970, polyvalents dans l’expression de leur art, qui a touché un large public. Leur conflit était à la fois risqué et inévitable : il s’est produit en 2011 lors d’une émission sur la vie d’un Serbe vivant aux États-Unis, La vie et la mort de Marina Abramović.

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Mais comment la personnalité tout-ego et très forte d’Abramović, connu pour ses performances et happenings extrémistes, s’accordera-t-elle avec l’univers conceptuel et poétique du metteur en scène – plasticien, éclairagiste (essentiel) de ses pièces et aussi ancien danseur – connu pour son horreur du naturalisme ?

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À vrai dire, il semble que cela se soit passé comme un muscle, si l’on en croit les intéressés eux-mêmes, filmés dans le cadre du documentaire La vie de Bob Wilson et la mort de Marina Abramovic (2012), à partir de Giada Colagrande, sur Netflix, ainsi que la chanteuse transgenre britannique Anohni, encore connue sous son nom de naissance et son sexe au moment du tournage, Antony Hegarty et l’acteur américain Willem Dafoe.

Pour cette occasion, Marina Abramović s’est faite petite et pudique, mais avec cette affectation dont elle a le secret. Elle pleure devant les caméras, repense à ses blessures d’enfance, raconte sa vie de martyre devenue sainte après avoir trouvé le chemin de la liberté et du bonheur. Non : pas le bonheur, qu’il trouve trop ennuyeux et limité. Elle cherche plus loin, dans l’écoute et la maîtrise de soi “retour à la simplicité”. Sinon, dit-elle, “nous allons nous perdre”.

Étudiants

Devenu gourou, le Serbe a mis au point la “méthode Abramović” (contestée en 2010 par une longue enquête de Le new yorker) et la propage grâce à des étudiants formés pour porter une bonne voix dans le futur, notamment dans le public de la musique classique. Ce pour quoi Andreas Gräfenstein a filmé Marina Abramović, l’art d’écouter (2019), un le documentaire reprend Arte.

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La Abramovic ne fait que des choses à grande échelle, nous avons fait du sol de l’Alte Oper de Francfort une scène nue où une partie du public vient, à travers la relaxation physique, le retrait du monde environnant, les sons parasites et les outils technologiques, la préparation pour créer un vide pour accueillir la plénitude de la musique.

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Tout ressemble à du déjà-vu new age, et le sérieux qui entoure l’expérience nous rappelle parfois une parodie hilarante faite par des farceurs. Documentaire maintenant (sur Netflix), où Cate Blanchett incarne Izabella Barta, une artiste (aussi triste que masochiste) au fort accent qui ne se vide qu’en faisant le plein…

Le problème est que, lorsqu’on entend la violoniste Carolin Widmann jouer imparfaitement un Sonate Eugène Ysaÿe, rappelons vite la réalité. En revanche, lorsque le violoncelliste Nicolas Altstaedt joue un Sarabande Bach, c’est lui qui crée autour de lui un mystère, un silence qui ne peut être comparé à aucune détente préparatoire.

La vie de Bob Wilson et la mort de Marina Abramovic, Giada Colagrande (Italie, 2012, 57 min). Sur Netflix

Marina Abramović, l’art d’écouter, Andreas Gräfenstein (Allemand, 2019, 53 min). Sur Arte.tv jusqu’au 16 avril.

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