
Ln 14 novembre 2022, le CNRS a publié Bilan carbone : un chercheur émet en moyenne 14 tonnes de CO2 par an. Il est vertigineux de comparer ce chiffre aux 2 tonnes autorisées par les accords de Paris, y compris les activités personnelles. Parce qu’il est difficile d’imaginer comment nous pourrions réduire nos émissions de plus de 80 % sans repenser fondamentalement nos activités de recherche.
Puis, le 12 décembre, le comité d’éthique de la même organisation Comets a abandonné la position habituelle de la plupart des chercheurs depuis l’aube de la science moderne : faire avancer les connaissances, c’est toujours bien. sur les bonnes ou les mauvaises « pratiques ». Une position paresseuse, voire hypocrite, car elle conduit à l’appropriation des bonnes pratiques (drogues, etc.) et au rejet des mauvaises pratiques (pollution, bombes, etc.) sur la société. Comets, au contraire, affirme que face à la sévérité de la situation environnementale, la recherche devrait tenter d’en pré-évaluer les effets. “Utiliser ou développer des équipements aussi gros (accélérateur de particules, gros ordinateur) ou travailler sur une telle thématique (biologie de synthèse, génomique) est susceptible d’avoir des effets néfastes pour la biosphère”.
J’y vois deux signes d’un changement majeur dans le processus de redéfinition du savoir et de sa place dans la société. Pour mieux en saisir les dimensions, décrivons les étapes de passage. jusqu’au XVIIpour Au XIXe siècle, nous vivions dans un monde dominé par le biologique au niveau de l’économie (agriculture, travail du bois, etc.) ou de la pensée (Aristote). Les sciences modernes ont émergé après une double révolution, technique et politique : l’essor des machines et l’émergence d’individus libres.
Les nouvelles technologies (imprimerie, navigation, télescope, etc.) ont élargi la connaissance du monde et bouleversé les certitudes anciennes. Une nouvelle science “mécanique”, étroitement liée aux réseaux technologiques, a permis une rétroaction positive sans précédent entre connaissances théoriques et croissance industrielle, à l’instar de la génétique moderne née dans les laboratoires du brasseur Carlsberg, qui tenta de stabiliser la levure pour la masse. brasser de la bière.
Politiquement, l’urbanisation a contribué à l’émergence d’individus confiants dans leur capacité à comprendre et à dominer le monde. Ces deux révolutions partageaient les valeurs communes du souci du débat critique, mais elles étaient toujours en tension tant les sciences prétendaient détenir des savoirs supérieurs aux « avis » des non-spécialistes et produisaient des technologies bouleversées de marchés par les marchés. sans débat démocratique
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